« Les migrations » humaines, animales, végétales. Migrations volontaires ou forcées, migrations des idées, des religions, des modes alimentaires et autres
« Il n’y a ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme. » Paul de Tarse.
Oui, mais n’en déplaise à Saint Paul, vous savez il y a des migrants. Des migrants ? Qui ça ? Où ça ? Quand ça ? Comment ça ? Vous voulez dire des migrants issus de migrations, des gens qui ne sont pas comme nous, qui ne parlent pas comme nous, qui ne s’habillent pas comme nous, qui ne mangent pas comme nous, qui ne prient pas comme nous ? Ceux qui vont nous remplacer, nous les Gaulois ? Ben oui, ben non, parce que les Gaulois ils n’étaient pas originaires de la Gaule. Et la Gaule, laquelle la Cisalpine ou la Transalpine ou la Gaule Belgique ? Sans parler de la Bretagne qui n’était pas encore l’Angleterre. Tout ça c’était des Gaules et les Gaulois des « Keltoï » autrement dit des Celtes pour les Grecs, notamment ceux de Massalia – Marseille (qui doit tout aux migrants grecs et rien aux locaux) – qui rencontraient d’autres Gaulois, les Galates d’Asie Mineure avec qui Saint Paul entretenait une correspondance régulière. Les Romains, qui ne pouvaient pas les voir depuis que sous la conduite de Brennus ils avaient envahi Rome au IVème siècle avant notre ère, les désignaient sous le terme de « Gallus » et ce malveillant de Jules César parlait du « gallus gallus », le « coq gaulois » qui trône encore sur les clochers de nos églises. Heureusement celui de Notre – Dame de Paris a survécu à l’incendie. Le coq gaulois à la vie dure surtout quand il surmonte des édifices d’une religion étrangère apportée par quelques migrants du Moyen-Orient. Bon, il y a longtemps, alors on l’a digérée, on s’est habitué, on l’a adaptée en l’adoptant. Les Gaulois, eux, ne se disaient pas Gaulois mais Bituriges dans la région de Bordeaux, Boïens à Sanguinet, Pictons à Poitiers, Parisii à Paris, Arvernes en Auvergne, etc… Tout ça, malgré un indéniable fond culturel commun, ça faisait un peu désordre … et on connait la suite.
Non, nos ancêtres les Gaulois n’ont pas poussé sur le sol de la Gaule comme champignons à travers la mousse d’un sous – bois. Par petits groupes, ne parlant pas forcément le même dialecte issu d’un mythique fond indo-européen, ils sont venus d’Europe Centrale, sans doute de ce qui n’était pas encore l’Ukraine (déjà !),[1] au cours de l’Age du fer (– 800 à fin du 1er siècle de notre ère.). Poussés par d’autres venus d’un peu plus loin, ils ont bousculé ceux qui étaient déjà là en bousculant leurs filles et leurs femmes dans les bottes de foin. C’est une façon de remplacer et de s’installer. Il est vrai que nous avons su très tôt pratiquer le « pousse-toi de là que je m’y mette » car depuis que l’espèce humaine s’est éloignée de ses cousins singes nous n’avons pas cessé de bouger, de migrer, de prendre la place des uns et des autres.
D’après le dictionnaire Larousse une migration est le « déplacement volontaire d’individus ou de populations d’un pays dans un autre ou d’une région dans une autre, pour des raisons économiques, politiques ou culturelles ». Un peu réducteur quand même : il faut aussi tenir compte des changements climatiques, qui ne datent pas d’aujourd’hui, de la démographie et surtout de l’insatiable curiosité d’Homo sans oublier les migrations des faits culturels[2] ou celles des espèces animales ou végétales[3] naturelles ou provoquées par l’homme. « Les forêts de nos contrées sont en pleine migration. La cause n’en n’est pas le seul réchauffement climatique… Le passage de la dernière période glaciaire à une période interglaciaire plus chaude joue aussi un rôle…Les arbres ont pu migrer vers des zones plus chaudes quand le froid s’est installé, puis remonter vers le nord au changement de climat suivant (actuellement). La vitesse moyenne de la migration est de 400 mètres par an… La migration des arbres induit une transformation continuelle non seulement de la forêt mais de toute la nature. »[4] Sans compter les migrations induites par l’homme qui n’a de cesse de transporter des graines d’ailleurs ici ou là.
Homo Erectus, il y a un peu plus de 2,5 M d’années, a quitté l’Afrique par le Proche Orient sans même s’en rendre compte. Vers l’est, vers l’ouest il a peuplé toute l’Eurasie. Au fil du temps il est devenu Neandertal ou Denisova ou d’autres encore… Certes, ils n’étaient pas nombreux mais suffisamment quand même pour qu’ils se mélangent au fil des rencontres. On retrouve leurs gènes jusque chez les Aborigènes australiens actuels. Pendant quelques centaines de milliers d’années tout le monde était bien tranquille chez soi quand débarque un trublion qui n’a pas cessé de l’être depuis : Homo Sapiens. Nous. Descendant des Erectus restés en Afrique, noir de peau comme il se doit – Yves Coppens disait que les Européens sont « des Africains décolorés ! »[5] – dès – 300 000 ans on le trouve au Maroc où l’ont découvert il y a quelques années Jean – Jacques Hublin (paléoanthropologue français, Directeur du Max Planck Institut de Leipzig, Pr. au Collège de France et … né à Mostaganem en Algérie !) et Abdelouahed Ben-Ncer (Etudes et Doctorat de Paléoanthropologie à Bordeaux, Pr. à l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine du Maroc). Et puis, comme les autres, sans doute par petits groupes successifs, Homo Sapiens s’est répandu sur toute la planète, s’est métissé avec ses prédécesseurs au point de devenir le seul représentant actuel de l’espèce Homo. Il n’a probablement pas fini de nous étonner d’autant plus qu’avec lui pas de vie sans mouvements. On peut dire qu’il ne tient pas en place. Le voilà maintenant qui envisage de coloniser l’espace ! Il a même essayé de faire pousser des salades dans la station spatiale : ce sera la première plante migratrice au-delà de notre planète. Cela non plus n’est probablement pas fini.
Bien sûr, nos ancêtres ne voyageaient pas seuls. Ils étaient accompagnés de tout l’indispensable à la vie quotidienne et même au – delà. Certains silex ont été trouvés à des lieux de distance de leur gisement d’origine comme les coquillages qui servaient de parure. Cela n’a pas changé : les matières de nos bijoux viennent de loin. La mode, les modes sont certainement l’un des marqueurs les plus anciens de l’activité humaine et de ses déplacements. Plus tard, ce sont des migrants du Moyen Orient, le fameux croissant fertile, qui nous amèneront céréales, plantes potagères, fruits et manières de s’en servir: sans eux pas de pain ni de bière ni de fromage, c’eut été dommage. Et comme ils venaient accompagnés de leurs troupeaux nous pûmes avoir de la viande sous la main sans avoir à se fatiguer à la chasser et ainsi varier les menus. Nous ne faisons rien d’autre aujourd’hui avec le couscous, la pizza, la paella et autres méchoui en passe de devenir des plats nationaux, avec l’houmous libanais que l’on trouve dans tous les supermarchés sans oublier les sushis japonais et autres chinoiseries, pas toujours chinoises d’ailleurs. Et que l’on songe aux « hamburgers » apportés aux Etats-Unis par des migrants de Hambourg ou au « hot dogs », cette saucisse venue de Francfort entre deux morceaux de pain. L’un est l’autre ont migré sur toute la planète. Au XIXème siècle la maladie de la pomme de terre, tubercule américain, obligera des millions d’Irlandais à migrer vers les Etats-Unis ou le Canada. Ils ont remplacé les migrants français qui peuplaient l’Acadie et la Louisiane depuis deux siècles, plus ou moins associés aux Amérindiens. Outre tout ce qui touche à la nourriture, ces lointains migrants du Moyen-Orient, en partie nos lointains ancêtres, nous ont aussi amené l’idée de la ville, concentration d’hommes, d’idées, de croyances, de techniques, de savoir-faire, d’inventions et ils ont changé notre manière de voir le monde.
C’est ainsi qu’au fil des ans, mu par la curiosité, par la nécessité, par la force, par le désir de conquête ou celui de se mettre à l’abri Homo Sapiens a occupé toute la planète. D’adaptations en évolutions il s’est installé dans les déserts arides ou dans les marécages les plus insalubres (merci aux Hollandais qui ont dompté les marécages du Médoc et permis la culture de la vigne, bien sûr certains sont restés et ont fait souche), en haut des montagnes comme au Tibet ou parfois au-dessous du niveau de la mer autour de la Mer Morte, sur des esquifs improbables il a gagné des îles insoupçonnées, il a traversé les plaines d’Eurasie ou d’Amérique, les forêts équatoriales qu’il a défrichées, cultivées, où il a construit des cités oubliées. Même l’Antarctique ne l’a pas arrêté bien que plus récemment. Et partout il a transporté ses savoir – faire et savoir – vivre, ses techniques et leurs modes de transmission, ses plantes vivrières – que l’on pense à l’épopée du Bounty pour quelques plans d’arbres à pain[6] – , ses animaux domestiques et les autres [7], mais aussi ses parasites et quelques maladies – la variole et la rougeole ont fait plus de dégâts chez les Amérindiens que les actes des conquistadores -. En envahissant leurs bateaux les rats et leurs puces ont propagé la peste alors qu’aujourd’hui les moustiques prennent l’avion. Il a transporté aussi ses croyances et ses idées, les a imposées parfois par la force et a parfois adopté celles des autres au point qu’on ne sait plus très bien distinguer le tien qui me va du mien qui ne te va pas. Et comme Homo Sapiens est un grand communicant ses paroles, ses langues ont laissé leur trace partout où il est passé. Merci aux mythiques Indo – Européens d’il y a environ 4000 ans d’avoir donné naissance à nos langues d’Europe. Venus des steppes d’Europe centrale, leurs langues supplantent celles de leurs prédécesseurs du néolithique qui avaient déjà un peu bousculé les paléolithiques. Tant pis. A l’exception du finnois, du lapon, du hongrois et du basque toutes les langues d’Europe sont apparentées entre elles et viennent des dialectes de ces migrants qui n’étaient pas les premiers et ne seront pas les derniers. Il est vrai qu’aujourd’hui aucune population humaine n’est originaire de là où on la trouve même si les modes et dates d’installations ont beaucoup varié dans le temps et dans l’espace.
Rien que pour la France, les Celtes, les Grecs, les Romains, les différents Barbares, les Vikings, les Arabes – oui, les Arabes : au XVIème siècle il y avait deux chaires d’arabe à Paris[8] et les gens de cultures se piquaient de le balbutier – vont façonner le Français avant la déferlante de l’anglo-charabia (duquel les Anglais ne sont aucunement responsables : point n’est besoin de migrants pour qu’une culture en recouvre une autre, le snobisme y suffit)[9] Qui dit langues et paroles dit souvent écrit et livres. On peut dire que « la civilisation européenne s’est construite grâce aux traductions – du grec, du latin, de l’arabe, de l’hébreu, des différentes langues de Babel. Sans traduction nous aurions été différents ».[10] Merci aux Phéniciens qui nous ont laissé leur alphabet, merci aux Egyptiens qui nous ont appris qu’avec un roseau – le papyrus (d’où papier) – on pouvait faire des livres, merci aux gens de Pergame qui nous ont appris à confectionner le parchemin (de l’italien pergamino) et aux Chinois d’avoir fabriqué du papier en imitant les guêpes et leurs nids, merci aussi à Gutenberg d’avoir inventé l’imprimerie à Mayence en 1450. Sans eux point de livres à commencer par le livre par excellence, le livre des livres, la Bible (du grec biblion = livre) et pas de voyages des idées, pas d’Histoires d’Hérodote, pas d’Epitres de Saint – Paul, pas de Coran ni de récits d’Ibn Battuta ou de sonnets d’Omar Khayyâm (entre autres), pas de Robinson Crusoé ni d’Autant en Emporte le Vent et pas d’échanges scientifiques. Les idées aussi migrent, parfois sans migrateurs.
Les littératures orales sont souvent d’une très grande richesse et leur richesse vient de ce qu’elles sont en évolution constante contrairement à l’écrit qui est fixé une fois pour toute, ou presque. Malheureusement il faut compter avec les qualités d’oubli de la mémoire humaine, avec les lambeaux de récits qu’on laisse ici ou là au hasard des déplacements, des migrations, des adaptations. Rien que sur le continent africain, aucun peuple n’occupe le territoire qui est le sien aujourd’hui depuis plus de 200 ans. Mouvements de populations de plus ou moins grande amplitude ainsi qu’en témoignent les mythes de fondation dont on peut trouver des vestiges ici ou là comme autant de traces du passé, cailloux d’un petit Poucet baladeur, des emprunts venus des groupes côtoyés, des aménagements locaux parce qu’il faut bien s’adapter… pour mieux repartir peut-être.
Autre marqueur de ces mouvements de population : les monnaies. Monnaies d’échanges, monnaies baladeuses, monnaies de thésaurisation depuis toujours elles marquent les routes empruntées, les échanges commerciaux, les traités de paix ou les contrats de mariages. Rien qu’en Afrique elles furent les « cauris », petits coquillages de la famille des porcelaines récoltés dans l’Océan Indien au large des Maldives. Depuis environ 2000 ans et peut-être plus ils ont servi de monnaie dans tout le continent. Ce sont des dizaines de kilos que René Caillé avait emporté lorsqu’il partit à la découverte de Tombouctou. Ce sont aussi les cornalines venues de l’Inde dès le néolithique, les perles égyptiennes en pâte de verre bleue avant d’être supplantées par les « millefiori » de Murano ou de la Vallée du Verre en Normandie, les fausses cornalines mais vraies agates qui à partir du XVIIIème siècle firent la fortune de la ville d’Idar Oberstein en Allemagne, le tabac d’Amérique ou les « Thalers de Marie – Thérèse » : au XVIIIe siècle, reprenant une monnaie en usage dans le Saint – Empire Romain Germanique, l’empire autrichien à la fin du règne de Marie – Thérèse en fit frapper des millions d’exemplaires à l’effigie de l’impératrice. L’étalon n’était plus l’or mais l’argent et cette monnaie n’était destinée qu’à l’exportation : la Turquie d’abord, les Echelles du Levant, l’Inde et par l’Egypte une grande partie de l’Afrique. Entre le Yémen, l’Erythrée, l’Ethiopie c’est par tonnes que Rimbaud en trafiquait… toujours frappés en Autriche et toujours à l’effigie de l’impératrice. Quelques un circulaient encore sur les marchés de Djibouti vers 1995.[11] Evidemment ces pièces ne se déplaçaient pas seules et beaucoup ont été refondues pour fabriquer des bijoux, autre manière de voyager. Ailleurs on pourra évoquer des tissus – que l’on songe aux « indiennes » ancêtres des toiles de Jouy sans parler des routes de la soie toujours d’actualité -, des colliers de coquillages ou des graines de cacao. Regardez dans vos porte-monnaie, les pièces d’euro viennent de tous les pays européens et sont maintenant acceptées dans nombre d’autres pays. Le monde des monnaies est celui de nos déplacements… et de nos rêves.
Bien sûr tout cela sur fond d’échanges de gènes car il ne faut pas croire que chacun reste bien sagement avec sa chacune (et inversement). Si « nous venons tous d’une même espèce née dans les forêts africaines tropicales » (Yves Coppens) depuis nous n’avons eu de cesse de nous diversifier, de nous croiser, de nous séparer, de nous retrouver, de nous disputer aussi et de nous mélanger… La génétique actuelle est là pour nous le dire. Le chacun pour soi, chacun chez soi n’est pas pour cette espèce qui a la bougeotte et ce ne sont pas les esprits chagrins cultivateurs de l’entre soi qui y changeront quelque chose : ce que nous adoptons de l’étranger nous permet d’être ce que nous sommes et inversement. Alors comment concilier le proverbe, la sagesse des nations, « marie-toi dans ton pays, dans ta ville, dans ta rue si tu peux » avec cette irrépressible envie d’ailleurs ? Selon Jacques Lacarrière, Hérodote, avec qui il a longtemps cheminé, « s’efforça de démolir les préjugés de ses compatriotes grecs en leur montrant que la ligne qui sépare la barbarie de la civilisation n’est jamais une frontière géographique entre différents pays mais une frontière morale à l’intérieur de chaque peuple ; plus encore à l’intérieur de chaque individu. »[12]
Et si notre évolution n’était tout simplement pas terminée ?
Chantal Gauthier
En 2022 – 2023 et 2024 la SEHA projette de réfléchir sur le fait migratoire. Nous aborderons, entre autres, les migrations d’Homo Sapiens – il faut bien un début – et celles du Néolithique. Nous interrogerons un migrant sur les raisons de son parcours migratoire, nous évoquerons la migration des Acadiens vers le continent américain et celle des Espagnols vers Bordeaux, des Juifs ou des Irlandais vers les Etats – Unis. Bien sûr nous parlerons des oiseaux et des insectes migrateurs, des objets voyageurs dont regorgent nos musées mais pas que…, de la migration des idées, des documents et des découvertes scientifiques, du déplacement des religions et des cuisines venues d’ailleurs avec plantes et épices. Nous écouterons de la musique d’ici ou là, nous irons nous promener au Parc Ornithologique du Teich et déguster des huîtres du Japon qui ont supplanté les Portugaises qui avaient pris la place des locales. Le grand remplacement, déjà ! Nous irons dans un musée voir les objets d’ailleurs et comment ils sont arrivés là des quatre coins du monde sans oublier d’aller voir la ligne acadienne qui passe dans le Poitou. Nous ferons parler un démographe, un entomologiste, un botaniste, une journaliste. Entre autres… la liste n’est pas exhaustive et nous attendons vos idées.
Bibliographie migrations
Anquetil Jacques : Les routes du coton, l’épopée de l’or blanc des origines à nos jours. Ed. Jean – Claude Lattès, 1999, 407 p. « Trois mille ans d’histoire à travers les routes du coton ».
Attali Jacques : L’homme nomade. Arthème Fayard, 2003, 482 p. Et si toute l’histoire humaine était marqué du sceau du nomadisme, aller voir derrière la dune, au-delà de l’océan, après la prochaine montagne et traverser le prochain fleuve … comme Orphée traversait les miroirs à la suite de l’ange Heurtebise (film Orphée de Jean Cocteau) à la recherche d’Eurydice, de sa mort, de lui-même…
Balagna Coustou Josée : Arabe et humanisme dans la France des derniers Valois. Maisonneuve et Larose, 1989, 142 p. Au Collège Royal trilingue fondé par François 1er en 1530 il y avait deux chaires d’arabe et une d’hébreu. Le 1er octobre 1570 « plusieurs marchands de Bresse et de la ville de Rouen signent un contrat d’association afin d’échanger des toiles blanches normandes avec du sucre marocain ».
Bernard Jean : Le sang et l’histoire. Ed. Buchet/Chastel, 1983, 157 p. Un peu ancien mais toujours d’actualité tant il est vrai que « le sang des hommes éclaire l’histoire ».
Bilimoff Michèle : Les plantes, les hommes, les dieux. Enquête sur les plantes messagères. Ed. Ouest – France, 2006, 126 p. Et tout ça, ça se déplace ensemble !
Boudan Christian : Géopolitique du goût : la guerre culinaire. PUF, 2004. La planète culinaire où s’affrontent les goûts, les productions, les religions, les techniques et ceux qui les portent et les transportent.
Carrière Jean – Claude : La controverse de Valladolid. Les Hommes sont – ils tous égaux ? Ed. Le Pré aux Clercs, 1992, 253 p. D’une migration à l’autre, pas toujours volontaires.
Courbage Youssef, Todd Emmanuel : Le rendez–vous des civilisations. Seuil, 2007, 160 p. Rendez-vous plutôt que choc ?…
Demoule Jean – Paul : Homo Migrans, de la sortie d’Afrique au grand confinement. Payot Histoire, 430 p. Finalement, depuis qu’on existe on n’a pas cessé de bouger.
Demoule Jean – Paul : La révolution néolithique. Ed. Le Pommier 2008 – 2022, 127 p. « Autour de 5400 avant notre ère… en quelques siècles la colonisation néolithique s’est étendue à l’ensemble de l’Europe tempérée. » Heureusement pour nous !
Diamond Jared : Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Gallimard, NRF Essais, 2006, 648 p. Comment des migrants au Groenland – les Inuits – ont survécu au refroidissement climatique du XIIIème siècle là ou d’autres migrants – les Vikings – ont disparu, par exemple.
Diwo Jean : La Calèche. Flammarion 2010, 280 p. C’est le roman de la Maison Hermès. Heureusement que l’arrière – arrière grand – père a eu la bonne idée de migrer de l’Allemagne vers la France que son ancêtre protestant avait quittée lors de la révocation de l’Edit de Nantes.
Eliade Mircea : Le mythe de l’éternel retour. Gallimard, 1969, 182 p. Les mythes font toujours partie du voyage, ils en sont même souvent la cause.
Ferrara Silvia : La fabuleuse histoire de l’invention de l’écriture. Seuil, 2021, 308 p. Les lettres permettent d’écrire… des lettres voyageuses.
Flandrin Philippe : Les thalers d’argent. Histoire d’une monnaie commune. Ed. du Félin, 1997, 251 p. « Une clé précieuse pour comprendre l’essor économique occidental ».
Gélinet Patrice : 2 000 ans d’histoire gourmande. Perrin, 2008, 255 p. A la recherche des épices, du sel, de légumes et fruits inconnus ou la gourmandise comme moteur de recherche.
Grove Richard : Les îles du Paradis. L’invention de l’écologie aux colonies, 1660 – 1854. Ed. La Découverte, coll. Futurs antérieurs, 2013, 138 p. Il a fallu y aller pour se rendre compte de la fragilité des choses.
Guilaine Jean : Caïn, Abel, Ötzi. L’héritage néolithique. Gallimard, 2011, 277 p. D’ici ou d’ailleurs on a tout échangé : les graines des plantes, les petits des animaux, les recettes de cuisine et les techniques et surtout les gènes. Vieille habitude.
Haudricourt André Georges et Hédin Louis : L’homme et les plantes cultivées. Ed. A.-M. Métailié, 1987, 281 p. Un classique au fondement de l’ethnobotanique.
Heyer Evelyne : L’Odyssée des gènes. Flammarion, 2020, 388 p. Les gènes sont « une fascinante machine à remonter le temps »… au gré des migrations et des mélanges.
Jacquard Albert : Eloge de la différence. La génétique et les hommes. Seuil, coll. Points Sciences, 1978, 218 p. « Notre richesse collective est faite de notre diversité »…
Jacquard Albert : Les hommes et leurs gènes. Flammarion, coll. Domino, 1994, 115 p. « Un exposé pour comprendre, un essai pour réfléchir ».
Kalisky René : L’Islam. Origine et essor du monde arabe. Ed. Marabout, 1987, 183 p. Le nomadisme comme art de vivre…
Kelman Gaston : Je suis noir et je n’aime pas le manioc. Ed. Max Milo, 2003, 205 p. Et en plus d’être noir ce migrant, il est Bourguignon ! Hilarant, réconfortant, irritant.
Le Roy Ladurie Emmanuel : Trente-trois questions sur l’histoire du climat du Moyen-Age à nos jours. Arthème Fayard, coll. Pluriel, 2007. Au Moyen – Age il faisait plus chaud qu’aujourd’hui, dans quelque temps nous aurons froid et les arbres passent leur temps à migrer vers le nord ou vers le sud.
Maalouf Amin: Les croisades vues par les Arabes. J.C. Lattès, 1983, 299 p. Les migrants ne sont pas toujours les mêmes mais font toujours mauvaise impression.
Maalouf Amin : Léon l’Africain. J.C. Lattès, 1986, 473 p. De Grenade à l’Egypte, de l’Afrique Noire à Rome, ambassadeur maghrébin puis filleul du pape Léon X. Une vie de migrant bien remplie.
Martinez-Gros Gabriel : Brève histoire des empires. Comment ils surgissent, comment ils s’effondrent. Seuil, coll. Points/Histoire, 2014, 216 p. Inspirée par la pensée d’Ibn Khaldûn « l’armature de ce texte … entend pointer tout ce que notre monde démocratique, né de la révolution industrielle, a d’exceptionnel – peut-être d’éphémère. »
Meyer Michel : Petite métaphysique de la différence : religion, art et société. Le Livre de Poche, 2000, 153 p. Tous pareils, tous différents, ce n’est pas simple…
Orsenna Erik : Voyage au pays du coton. Petit précis de mondialisation. Fayard, 2006, 289 p. L’histoire fabuleuse de l’arbre à laine des Grecs et du al-kutun (d’où coton) des Arabes.
Orsenna Erik : L’entreprise des Indes. Stock/Fayard, 2010, 388 p. « Les bateaux ne partent pas que des ports, ils s’en vont poussés par un rêve ». Celui de Christophe Colomb vers les Indes Occidentales.
Orsenna Erik et Dr. Isabelle de Saint Aubin : Géopolitique du moustique. Petit précis de mondialisation IV. Fayard, 2017, 276 p. Moustiques et maladies.
Orsenna Erik : Cochons. Voyage au pays du Vivant. Petit précis de mondialisation VI. Fayard/Stock 2020. Dans le cochon tout est bon et c’est bien grâce à lui, en partie, que nous ne sommes pas morts de faim au Moyen – Age. Eboueur en ville, il se nourrissait tout seul à la campagne. Voyageur, il a pris le bateau pour aller vers les îles, toutes les iles. Maintenant, aux mains d’habiles chirurgiens il prolonge notre vie si besoin est. Brave bête !
Picq Pascal : Nouvelle histoire de l’homme. Perrin, 2005, 319 p. « Le tournant du monde qui se façonne aujourd’hui sous nos yeux impose une meilleure compréhension de nos origines, que les philosophies religieuses et athées ne suffisent plus à expliquer. »
Pitte Jean-Robert : A la table des dieux. Fayard, 2009, 237 p. « Œcuménique châtaigne… Ce que le foie gras doit au judaïsme… L’agneau du Dieu unique… La morue catholique et lusophile… Comment la dinde a conquis Noël… » et tout ça, entre autres, sur fond de migrations permanentes. Un vrai régal !
Quintana Murci Lluis ; Le peuple des humains. Sur les traces génétiques des migrations, métissages et adaptation. Odile Jacob, 2021, 325 p. Il y a plus de 2 000 000 d’années que nous avons la bougeotte. Il n’y a pas de raison pour que cela s’arrête, bien au contraire.
Rouche Michel : Les racines de l’Europe. Les Sociétés du haut Moyen-Age (568-888). Fayard, 2003, 251 p. « Toute société est le résultat d’une pensée ».
Rowley Anthony : Une histoire mondiale de la table. Odile Jacob, 2006, 399 p. De la préhistoire à nos jours et d’un peu partout.
Séroussi Roland : L’histoire de l’or. France-Empire, 1998, 270 p. « L’histoire de l’or… en mouvement perpétuel cette épopée quasi intemporelle accompagne, depuis l’aube des temps, l’Humanité tout entière ».
Spahni Jean-Christian/ Bruggmann Maximilien : La route des épices. Ed, Silva, Zurich, 1992, 203 p. Pour elles on est parti à l’autre bout du monde, on s’est battu, certains ont fait fortune alors que d’autres s’y ruinaient, elles ont servi de monnaie pour les paiements en « espèces » et on leur a inventé des recettes improbables. Quelques petites graines devenues le moteur du monde…
Toussaint – Samat Maguelonne : Histoire naturelle et morale de la nourriture. Bordas Culture, 1987. 590 p. Que mangerait – on sans le canard chinois, la pintade africaine, la dinde péruvienne, la pomme de terre et le maïs d’Amérique sans compter le haricot, la tomate et le reste ? Vallejo Irène : L’infini dans un roseau. L’invention des livres dans l’Antiquité. Ed. Les Belles Lettres, 2021, 559 p. A lire absolument, les livres sont de grands voyageurs aussi bien dans le temps que dans l’espace.
Vitaux Jean : Les grandes pandémies de l’histoire, de la peste au covid. Ed. Archipoche, coll. Archidoc, 2021, 198 p. Eh oui, c’est avec nous que voyagent les maladies, donc les virus, les bactéries, les parasites…
Wohlleben Peter : La vie secrète des arbres. Ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent. Ed. Les Arènes, 2017. Non seulement ils communiquent mais ils s’inquiètent les uns des autres, Il y a des mères-arbres et des enfants-arbres qui ne restent pas forcément en place, comme tous les enfants…
Bescherelle : L’histoire de la langue française. Hatier, 2022, 319. Les mots des Indo – Européens ont recouvert ceux des Cro – Magnons en attendant ceux des Phéniciens, des Grecs, des Romains (ah, les déclinaisons latines !), des barbares divers, des Arabes et des Vikings, sans compter ceux des Espagnols, Italiens et autres Anglais ou … Et tout ça donne le Français et ce n’est pas fini !
Musée du Quai Branly : Ed. Le Figaro, 2011, 95 p. Des objets migrateurs par excellence.
Tarz, broder au Maroc aujourd’hui : Ed. Skira/Musée d’Angoulême, 2022, 222 p. Des broderies marocaines qui dormaient dans les réserves du musée depuis leur migration au début du XXème siècle. Une merveille.
Trésors des muséums de France : Ed. de la Martinière, 1994, 188 p. De la girafe de Charles X (Muséum de la Rochelle) au dodo ou dronte de l’île Maurice reconstitué au Muséum National d’Histoire Naturelle en passant par les tenues de samouraïs du Muséum de Lyon. Les Muséums, paradis des objets migrateurs…